Par la suite, la nourriture va s’effacer du récit, résolue par un paradigme oriental. Jacques Revel se réfugie pour le reste de son séjour dans l’un des trois ‘restaurants frères’, l’Oriental Bamboo, l’Oriental Rose, et l’Oriental Pearl, échappant ainsi à la fois à la ville de Bleston, et à l’une de ses manifestations sordides, sa cuisine. Poursuivant toujours la doublure de ce repas initiatique du livre policier le Meurtre de Bleston, il rappelle que son premier repas à l’Oriental Bamboo fut en compagnie de son collègue James Jenkins, qu’on devine déjà par là entouré d’un sombre halo, repas où il commanda les mêmes plats que le détective Barnaby Morton, mangeant avec le joueur de cricket Johnny Winn, la veille de son assassinat dans la cathédrale. Nous prenons ici encore à la fin d’une très longue phrase explicative et à la clôture du paragraphe :
« … l’Oriental Bamboo, l’Oriental Rose, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, et l’Oriental Pearl sur celle de la Nouvelle Cathédrale, … m’ont servi de refuge à peu près hebdomadaire contre la fadeur enlisante des nourritures de Bleston, pendant ces sept mois je n’ai eu que trop le temps de faire le tour de leurs spécialités, mais surtout parce que, songeant à ce récit, je m’efforçais de le reconstituer, le menu de ce repas du 6 novembre : potage aux œufs, canard aux ananas, sablés et non létchys que j’avais commandé alors, comme Barnaby Morton dans les premières pages du Meurtre de Bleston, mais qui manquaient » (Butor p. 112).
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