dimanche 30 septembre 2007

Oh les beaux jours

Je reviens de France où j’ai fort bien mangé, comme de coutume. Je suis arrivé dans l’ouest parisien jeudi vers minuit, et j’ai pu comme la tradition me le prescrit, manger sur un bout de table un bout de fromage accompagné d’un ballon. Le lendemain, j’attaquai fort en m’invitant au coin tranquille, un petit resto de Nanterre surtout recommandable pour le charme voilé de sa grande salle intérieure. J’y mangeai un feuilleté escargot champignons (girolles), qui ne ressemblait à rien mais qui n’était pas mauvais, un pavé de rumsteck sauce poivre avec ses petites pommes de terre sautées, pas très copieux, mais la viande était bonne, et j’esquivai le dessert, quoique attiré par une mousse de marron au whisky… Une prochaine fois.
Le soir, nous allions voir O les beaux jours, au palais de Chaillot, avec Fiona Shaw, superbe prestation, applaudissements nourris, et l’appétit inaffecté par la seconde partie assez glauque de la pièce, j’entrai avec entrain dans une de ces brasseries du Trocadéro, pleines de mignons des beaux quartiers, d’anglophones amateurs de théâtre, et, ce soir là, d’anglais en t-shirts blancs vodaphone qui s’en revenaient du champs de mars où ils avaient pu suivre la victoire probante du 15 de la rose sur le Tonga. Ma mère choisit après une longue réflexion, rendue ardue par la disparition du plat du jour, un gigot d’agneau au thym, une assiette de saumon fumé, puis un faux filet frites salade. Pour ma part, je faisais suivre une salade de chèvre chaud par une andouillette, pas la meilleure de ma vie, mais bien grillée. Etouffés de britanniques, nous abrégions.
Le lendemain, nous fêtions à contretemps l’anniversaire de la madre, et les menus restent confidentiels. Cependant, je peux tout de même noter ici que nous mangeâmes le midi au restaurant du musée d’Orsay, pour le décor surtout, mention bien pour la frisée aux lardons avec un œuf poché tout de même, à peine importunés par deux habitants de la sortie de Cannes du côté de Juan les pins mais monsieur était alsacien et qui n’en revenaient pas d’être entourés de touristes – s’entend, extra hexagonaux.
Enfin, pour les célébrations dominicales : feuilletés de chèvre et salade, rôti de bœuf (Limousin), haricots verts ail persil, et île flottante. J’ai digéré en regardant le rugby, avec le résultat mitigé que l’on connaît, gare aux fesses à Cardiff.

vendredi 28 septembre 2007

Adorno

Adorno, dans l'art et les arts, opère une distinction entre l'art culinaire et l'art spirituel : "l'art congédie son élément culinaire ; cet élément est devenu inconciliable avec l'élément spirituel, lorsqu'il a perdu son innocence, celle où il ne faisait qu'un avec la composition... l'élément culinaire - l'excitation sensible - s'est séparé pour devenir but en soi, pour être rationnellement et indépendemment planifié : dès lors, l'art se révolte contre toute dépendance à l'égard de matériaux donnés d'avance, qui font obstacle à l'autonomie de la configuration. Dépendance qui se reflète dans la classification de l'art selon les arts. Car au flou des éléments de l'excitation sensible correspond la dispersion des matériaux".

S'agit-il d'une invitation à la réflexion, ou au rejet unilatéral de la pensée adornienne ?

jeudi 27 septembre 2007

la nourriture au quotidien

On m’insulte dans les maisonnées, et j’écris ici pour parer au plus pressé. J’ai mangé hier soir après avoir terminé Courbet et entamé Manet à l’alliance française de Manchester, une pizza au salami, fromage, olives noir avec un œuf, sur une base précuite pas donnée achetée à Barbakan– la boulangerie épicerie fine polonaise de Chorlton. Mais j’étais invité. Aux comptoirs mancuniens, mercredi dernier, nous avions mangé une quiche végétarienne, épinard, fromage de chèvre, tomates, très réussie également.
Mardi soir par contre, manquant véritablement de temps après une session plutôt encourageante au squash, j’ai avalé un chicken Korma et des Bombay potatoes de chez Tesco, à éviter à l’avenir.
Dimanche soir, après avoir conduit pendant plus de sept heures pour revenir de Cornouailles où ma cousine Rebecca venait de s’engager lors d’un émouvant mariage séculaire – à Porscatho pour être exact –, j’ai partagé la table à Needham Avenue, et le repas d’adieu à Japh, préparé par Tim : un délicieux pork roast qui fut près aux alentours de 11 heures du soir.
On notera avec intérêt que le repas samedi sous le grand chapiteau, devant la mer inondée de soleil, consistait en une assiette de lasagne avec couscous et salade, arrosée de rouge du Mont ventoux, et le soir, dans le noir, avant le feu et les chansons, de cornish pastries.