mardi 11 novembre 2008

L’Oriental Bamboo

C’est après avoir visité une nouvelle fois l’ancienne cathédrale, et écouté attentivement les explications d’un ecclésiastique là présent, en particulier concernant le vitrail de Caïn, dit le vitrail du meurtrier, que Jacques Revel entrevoit, par l’entremise d’un texte dans le texte, ce ‘meurtre de Bleston’ au cœur de l’intrigue, la possibilité d’esquiver la pitance quotidienne de la ville du Nord. Ce développement est saisi dans une longue phrase qui mélange habilement ces différentes composantes toutes parties du tout : le roman policier, le vitrail, et ce restaurant de la place de la cathédrale dans lequel se rend le héros de la fiction dans la fiction, dans un redoublement qui est indice pour le lecteur de l’emploi du temps. Nous coupons pour aboutir à la fin du paragraphe :

« … l’Oriental Bamboo dont je n’avais pas pensé à vérifier l’existence en traversant pour la première fois la place au début de cet après-midi du dimanche 4 novembre, parce qu’elle me paraissait beaucoup trop douteuse…, l’Oriental Bamboo dans lequel j’avais maintenant envie de manger, pour me changer de l’accablant ordinaire blestonien, quelques uns de ces plats dont celui qui devait être le détective, Barnaby Morton, tout en observant celui qui commençait à se demander si son frère n’était pas de la race de Caïn, se régalait silencieusement (langoustines frites, canard aux ananas, letchis), ce qui était impossible pour l’instant, puisque le rideau de fer, comme tous les dimanches, était fermé, aucun bruit, aucun rai n’en filtrait » (Butor p.104).

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