mercredi 29 août 2007

la marche ça creuse

Enfin il m’était donné l’occasion de fouler la terre de mon pays. Il avait plu, là haut, des cordes et des cordes, pendant des mois entiers, à tel point que les autochtones mêmes, pourtant si placides à leur ordinaire, grimaçaient de surprise à la vue de leurs maisons englouties. Je me régalais un peu autour de Paris, puis j’arrivai à Foix.
Foix est une petite ville, au pied des montagnes, dominée par le château de ses comtes . C’est une préfecture, elle est donc, comme nous l’expliqua notre hôtelière à qui nous faisions part de notre émerveillement à avoir pu trouver une place dans le minuscule parking qui borde son établissement, le seul gratuit des environs, essentiellement habitée par des fonctionnaires, au nombre desquels il faut compter les forces de l’ordre, installée juste en face de l’hôtel, et dont les représentants tendent à s’enfuir le vendredi en milieu d’après-midi. Au « Jeu de l’Oie », je mangeai une salade landaise, un magret de canard trop cuit – ma faute - dans une sauce aux cèpes – j’ai pas reconnu le cèpe –, et une crème brûlée.
Le lendemain, nous arrivions à Ax-les-Thermes, ville thermale qui se trouve sur la route menant à Andorre, en Ariège. Aussitôt ma mère et moi repérons le café principal du bourg – il ne faut pas se fier à ceux qui se trouvent près du casino, mais opter pour la vue sur le vilain petit hôtel de ville. Sous le soleil de midi, je mange une salade de chèvre chaud avec du jambon de pays. Les salades dans les Pyrénées ont une tendance certaine à être outre délicieuses, agréablement copieuses, mes souvenirs les plus émus allant à un troquet d’Argelès-Gazost… Le soir, nous étrennons la cuisine du chalet de Bonascre, la station de ski qui surplombe Ax à 1400 mètres d’altitude, avec un rôti de veau, accompagné de riz et de légumes revenus (oignons poivrons champignons), et d’un gâteau à la crème.
Dimanche, saucisse à l’eau (du boucher), frisée aux lardons, gâteau aux fruits rouges.
Lundi, une de mes spécialités qui échoue deux fois sur trois, ce fut le cas ce soir là, pâtes sauce fromage fondu (tome d’abondance, emmenthal, tous les vieux bouts de fromage qui traînaient, et lait, crème).
Mardi, rôti de bœuf, sauce oignons champignons, gratin de pomme de terre courgette, fromage.
Mercredi, restes du rôti, saucisse à l’eau, haricots verts, gratin pomme de terre courgette.
Jeudi, nous allons à la crêperie d’Ax les thermes, recommandée par le guide du routard 1996-97. D’habitude je ne fréquente plus trop les crêperies - imitant en cela mon père qui n’y mettrait pas un orteil - non parce que je n’aime pas les crêpes, mais parce qu’il n’y en a jamais assez et qu’il faut boire du cidre. Mais je dois avouer que cette crêperie a des atouts. Si la pâte au sarrasin n’est pas la plus convaincante des Midi-Pyrénées, le choix des ingrédients obtient un cum laude. Fin stratège, déjà bien décidé à manger deux crêpes principales, je ne commandai pas la crêpe au confit de canard, mais une Périgourdine (gésiers, lards etc.…). Ce qui me permit d’emboîter sur l’Orée, girolles, fromage, avant de m’achever avec une Tute de l’ours, du nom d’une des cimes au dessus de Bonascre, à la crème de marron.
Vendredi, nous allâmes visiter Andorra-la-Vella. J’ai bien aimé cette ville supermarché où tout est pas cher. Dans un petit restaurant sur une place de la vieille ville, le menu gourmand à 10 euros, caragoles, escargots, pas du tout comme en Bourgogne et dans les brasseries parisiennes, où traditionnellement six bouts d’une chose informe trempent dans une mare d’huile d'olive aillée, mais une vingtaine, au moins, de bêtes dans une petite coupole, baignant dans une sauce tomate, leurs petites antennes bien visibles dans les coquilles. J’ai pas fini... Puis steak frites (entrecot de vedella), quelconque, et crème catalane, une des plus rustres qu’il m’ait été donné de manger dans ma vie. Le soir, de retour à Bonascre avec du whisky et des cigarettes, omelette de pommes de terre et légumes revenus.
Samedi 4 août, Birthday boy, nous allons à un restaurant dit ariègeois, juste à côté de la place du marché, en terrasse, reggae music on, c’est une création de la vague d’immigration bien connue en Ariège, anciens et nouveaux hippies, c'est-à-dire, je pense. Quoiqu’il soit c’était fameux. D’abord, salade ariégeoise, une salade landaise, mais avec du maïs, des carottes, des haricots rouges, saupoudré d’épices orientales. Puis le magret de canard, cette fois j’ai bien fait attention de le demander rosé. Servi dans une coupole remplie de miel et de sang, il était accompagné de frites maisons, d’une petite ratatouille (au cumin, seul bémol), et d’une salade. Et finalement, nougat glacé aux fruits rouges, tout ça arrosé de rosé. Et le soir rebelote, barbecue : brochettes de veau, légumes et rognons de porc, riz, fromage (je parle pas du fromage ici, mais il va de soi qu’il s’agit de produits locaux, vache, chèvre, brebis, aux innombrables variations, et qui satisfont tous les désirs de l’amateur de fromage éclairé), et gâteaux, amandine, orange-choco, et sorgeat, spécialité annoncée de la boulangerie qui se trouve juste à côté du restaurant ariégeois, associant couches de crème, mousse au café, au chocolat. J’ai 29 ans.
Dimanche, côte de veau sauce crème champignons, pâtes aux légumes, fromage.
Lundi, saucisse à l’eau, riz, champignons.
Mardi, lasagne aux épinards & mozzarella, chorizo grillé dans une sauce au vin.
Mercredi, côte de veau à la crème ? (Il y a peut-être une erreur dans mon journal…)
Jeudi, au midi, repas au trois soleils, une brasserie qui se trouve devant le casino, jambon Serrano, confit de canard, servi bien malheureusement avec des frites, île flottante. Le soir,
lasagne aux épinards, courgette, & fromage de chèvre, côtelettes d’agneau – toute cette viande provenait du boucher d’Ax-les-Thermes, pas loin de la place de l’hôtel de ville, non loin de l’excellent marchand de vin, un monsieur âgé et sympathique dont l’échoppe est remplie de flâneurs, qui semblent lui tenir compagnie comme des vautours autour d’un gibier vacillant, et qui s’appelle Georges, je le sais car une pitchoune venant à passer, s’écriait devant l’entrée, « oh coquin de Georges, coquin de Georges ! » -, et pour finir croustade au pomme courtesy du boulanger de Bonascre.
Vendredi, enfin, nous essayâmes la pizza du boulanger, afin de ne pas avoir aussi à tout relaver avant notre départ, et je le recommande bien, ce boulanger, qui travaille avec sa compagne comme un beau diable, et comme on peut l’imaginer, l’hiver c’est bien pire ; pizza orientale, merguez, chorizo, mozzarella.
Il va de soi que je n'ai pas réussi à perdre mes cinq kilos de trop.

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