Bangers and Mash.
Vers trois heures de l’après-midi, comme le ciel s’assombrissait déjà, les idées fumeuses et le cœur léger, mon journal épais sous le bras, je m’assis au « bar », un pub en vogue de Chorlton, ce quartier à la réputation artistique de Manchester, que Hulme aux dires de la rue serait en train de lui subtiliser à l’heure où j’écris, et je regardai le tableau noir. J’étais venu une fois, par le passé, au jour du seigneur, le dimanche que les fêtards débutent tardivement, bien après la clôture des messes matinales, raison pour laquelle la Grande-Bretagne a créée le « Sunday lunch », le repas dominical des restaurateurs offerts à bon prix de midi à sept heures. Les plats du jour tournaient autour du bœuf : genre steak sirloin avec des légumes… Je me méfiai, assez illogiquement, car j’étais déjà venu manger au bar au mois de décembre, et je restai sur une mauvaise impression tirée de deux tranches d’agneau alors qu’enrhumé je ne goûtais rien. Quoi de plus terrible que la perte du palet ? Bien des choses certainement, néanmoins, je la classe dans les grands indésirables. J’ai dû requérir de ma mère une oie pour ce noël, afin de surmonter la déception qu’entraîna un rhume malheureux en l’année 2004 alors que nous avions mis au four un membre de cette race exquise. Quoiqu’il en soit, j’optai ce dimanche pour un grand classique du menu, une clef de voûte de la cuisine britannique, le célèbre « Bangers and Mash ». Le plat consiste en des saucisses, britanniques, une traite en soi, du moins théoriquement, et de la purée, ou plutôt sa version pauvre, les « mash potatotes » soit des pommes de terre bouillies écrasées avec une noix de beurre. Personnellement, je préfère la purée ainsi, sans lait, quoique derrière les fourneaux je rajouterai immanquablement un demi pot de crème fraîche. Bref, le tout se doit de baigner dans une sauce brune, une « gravy » sanguine dans laquelle on a le bonheur de tremper l’ensemble. Une fois le journal parcouru, les « cafés latte » bus – l’Italie reste la référence marketing du café qui s’est tout de même indéniablement amélioré malgré ou peut-être grâce à l’invasion liquide de Starbuck - nos plats arrivèrent. Bien m’en avait pris de ne pas opter pour l’option végétarienne du jour ! Je dis cela en coin car de visu je m’enquérais, innocent, de la mangeabilité d’un étonnant filet de polenta enrobé de pâte servi avec ses petits légumes bouillis… Cela étant dit le végétarien est souvent accommodant avec sa gamelle dans la mesure où il n’y a pas de bouillon de porc dans la sauce ou autres tranches de jambons malicieusement conservés dans le croque monsieur belge. Par contre, mon plat, peu généreux aurais-je dis, arborait quatre belles saucisses brûlées à point (c'est-à-dire pas trop), sur une trop fine couche de purée. Les tubes de chair porcine s’avérèrent délicieux, véritablement, ce que l’on expliquera par leur origine fermière comme il était stipulé sur la carte, et j’oubliais un instant le manque de purée. Fameuse « bangers and mash » ! Je noyai le tout d’une pinte de « White Monk ». Et bientôt il était temps de repartir, de relancer la Peugeot 205 sur la M62 en direction de Liverpool et de mes nouveaux quartiers.
1 commentaire:
Disons que cela me rappelle mon stage professionnel en Irlande lors de mon BTS.
Brunch idéal avec les collègues: Hash brown, sausages and eggs.
Miam miam, j'ai pris 3 kilos en 3 semaines !!!
Philippe.
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